La Maison de Tara : un concept de fin de vie
Quand on aborde le concept de la Maison de Tara, on est a priori réticent. Parler des derniers moments avant la mort rend mal à l'aise et relève presque du tabou. Mais en entendant Madame Anne-Marie Struijk, fondatrice de La Maison de Tara, on se relâche. Finalement, il ne s'agit que de parler d'un moment de la vie.
Dans nos sociétés, mourir à l'hôpital est devenu très fréquent. Reste que dans certains cas, cela ne serait pas utile. Une personne, quelque soit sont âge ou sa pathologie, qui termine sa vie doucement, avec des soins palliatifs appropriés, n'a pas toujours besoin d'un accompagnement médical complexe. En l'absence de famille proche, elle meurt souvent à l'hôpital ou seule à la maison. De cette situation est né le concept de "Maison de Tara". Il s'agit d'accueillir des personnes en fin de vie dans une villa individuelle avec, comme chez soi, un soutien médical procuré par un médecin privé, des soins palliatifs donnés par des professionnels et un accompagnement 24 heures sur 24.
Le modèle de fonctionnement sur lequel se fonde la Maison de Tara est celui des hospices aux Pays-Bas. A Genève, cette maison, constituée en fondation, a réalisé de nombreux pas, soutenue progressivement par les soignants, la FSASD (Aide et soins à domicile du canton de Genève) et les familles. Plus de 80 bénévoles d'accompagnement dûment formés sont à présent prêts pour s'engager dans ce lieu de vie. Il faut en effet plusieurs jours de formation pour acquérir des connaissances dans le domaine des soins palliatifs, le savoir-faire avec des personnes en fin de vie et le savoir-être, qui demande un travail sur soi important, car côtoyer la mort, la souffrance des proches, savoir écouter ou rester silencieux se prépare lentement.
Une chaîne de solidarité
La parcelle du 79 chemin De-la-Montagne, située à côté de l'école du Belvédère, a été acquise par la commune en prévision d'une extension, afin de répondre à des besoins futurs de classes scolaires. Pour l'instant, un tel besoin n'existe pas encore. Chêne-Bougeries est donc entrée en matière. Des travaux d'aménagement intérieur étaient cependant nécessaires et le service technique communal s'est engagé à chercher des entreprises acceptant des conditions particulières. En fait, une vraie chaîne de solidarité s'est créée, maçons, électriciens, carreleurs, peintres du cœur. Chacun a apporté son savoir-faire pour rafraichir la maison et de nombreuses entreprises régionales ont consenti des rabais sur les équipements de base.
En septembre 2011, la première Maison de Tara va ouvrir ses portes et pourra accueillir cinq personnes dans ses cinq chambres au rez-de-chaussée et au 1er étage, grâce à l'installation d'un monte-escaliers. Les familles pourront profiter du jardin et des pièces de vie communes, telles que le salon ou la cuisine. Comme à la maison, chacun pourra partager des moments souvent intenses d'émotion et Anne-Marie Struijk de conclure: "Ainsi la société civile reprend la responsabilité de l'accompagnement des personnes en fin de vie".
Portes-ouvertes à l'automne 2011. Informations ou soutien sur www.lamaisondetara.ch